Patrimoine Religieux
Les Liturgies Orientales

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Replaçons d’abord l’ histoire des différentes églises orientales et des liturgies correspondantes dans le contexte de l’ organisation de l’ Eglise impériale byzantine dans les premiers siècles après Jésus-Christ. A partir de 313 et l’ édit de Constantin, le christianisme devient religion officielle de l’ empire romain. Les communautés chrétiennes avec un évêque par cité sont groupées en provinces autour d’un chef-lieu ( métropole ) ou en diocèses. Le nom de métropole donnera le titre de métropolite que portent les archevêques dans l’ église orthodoxe. Les diocèses ou les provinces sont groupées en primaties.
Cette organisation fut confirmée par les canons 4 et 5 du concile de Nicée en 325 , le concile reconnue aussi dans son canon 6 les primaties plus importantes des sièges d’Alexandrie , Rome et Antioche. Les conciles d’Ephèse, de Constantinople et de Chalcédoine ajoutèrent Constantinople et Jérusalem au groupe des primaties principales. On donne aux titulaires des sièges de ces primaties le titre de patriarche , ces primaties sont ainsi appelées des patriarchies.
On donne aussi le nom de patriarchies aux cinq églises de Rome qui représentent les juridictions des patriarches : Saint Jean de Latran représente le Patriarche de Rome ; Saint Pierre le Patriarche de Constantinople ; St. Paul celui d'Alexandrie ; Sainte Marie Majeure celui d'Antioche ; et St. Laurent hors les murs celui de Jérusalem. La législation de l’ empereur Justinien ( empereur byzantin 526-565 ) plaçait à la tête de l’ Eglise cette « symphonie des cinq sièges patriarcaux » (pentarchie) . Pour les églises en dehors de l’ empire romain cette législation prévoyait le rôle des « évêques généraux » qui dirigent ces églises sans dépendre d’un des patriarcats , églises qu’on qualifie alors d’autocéphales.

Liturgies Orientales

Dès le  troisième siècle un mouvement quasi spontané d’évangélisation du monde avait conduit à la fondation d’églises en dehors de l’ empire romain.   
Jusqu’au concile de Constantinople en 381 , toutes ces églises sont d’accord sur une confession de foi commune. Puis, les querelles théologiques provoquées par l’ un ou l’ autre des deux grands foyers culturels que sont Antioche et Alexandrie, amorcèrent l’ éclatement de ces églises. De plus la volonté centralisatrice et unificatrice de l’ empire byzantin ne fit qu’augmenter le besoin de ces communautés d’affirmer leurs spécificités culturelles et spirituelles.

En 431 le concile d’Ephèse, dirigé par Cyrille évêque d’Alexandrie, proclame la vierge Marie Theotokos ( c’est à dire mère de Dieu ) et condamne le nestorianisme qui voit deux personnes dans Jésus-Christ. Il destitue Nestorius évêque de Constantinople originaire d’Antioche

En 451 le concile de Chalcédoine confirme les décisions du concile d’Ephèse et établit que Jésus-Christ est une même personne mais qu’il possède deux natures. Il condamne le monophysisme qui ne reconnaît qu’une nature au Christ. Il destitue Dioscore évêque d’Alexandrie partisan du monophysisme.

C’est l’ adhésion ou le rejet des décisions de ces deux conciles qui permet de classer les différentes églises orientales.

Crée au troisième siècle, l’ église perse sassanide est tolérée par l’ empire perse à partir de 410. Pour lui témoigner de sa loyauté, elle se déclare religieusement autonome de l’ empire byzantin en 424. Au synode de Séleucie-Ctésiphon en 484 elle adhère au nestorianisme. Cette église célèbre selon le rit qu’on appelle assyro-chaldéen.

l’ impératrice Theodora ( 500-548 femme de l’ empereur Justinien et régente au nom de son fils Michel III ), favorable au monophysisme, incita à la nomination en 542 d’un moine, Jacques Baradée, comme évêque des tribus Ghassanides, arabes au service de l’ empire byzantin. Cet évêque répandit les thèses monophysites bien au delà de sa juridiction. Rejoint par une fraction du patriarcat d’Antioche, il organisa l’ épiscopat de l’ église syrienne occidentale qui se créa en rupture avec le patriarcat de Constantinople. Cette église monophysite qu’on appelle l’ église jacobite célèbre selon un rite qu’on appelle le rit syro-antiochien.

En 301 le roi d’Arménie Tiridate III proclame le christianisme religion d’état. l’ Arménie devient le premier état officiellement chrétien. Son église est organisée par Saint Grégoire l’ Illuminateur ( Environ 260-328 ). Influencée par la liturgie de Saint Basile , la liturgie de Saint Grégoire constitue le rite arménien. En 448 l’ église arménienne acquière le statut d’église autocéphale. En 486 elle se déclare autonome du siège d’Antioche et, un peu plus tard, refuse officiellement les conclusions du concile de Chalcédoine.

l’ église égyptienne aurait été fondée du temps de Saint Marc un des quatre évangélistes. A la fin du 2ème siècle , le monachisme chrétien s’implanta dans l’ arrière pays et eut une forte influence sur l’ Eglise. Touchés directement par la destitution de leur patriarche par la concile de Chalcédoine, les moines coptes prirent violemment parti pour lui. Les chrétiens des villes eux restèrent fidèles à l’ orthodoxie de l’ Empire. Le conflit aboutit à la rupture et à la constitution de l’ église copte et au rit copte qui abandonna la langue grecque.

En 330 Ezana roi d’Axoum en Ethiopie se convertit au christianisme. Frumence , son précepteur, est nommé évêque d’Axoum par Athanase d’Alexandrie. Selon la tradition neuf saints venus du monde byzantin introduisirent le monachisme au cinquième ou sixième siècle. 
l’ Eglise d’Ethiopie étroitement liée à l’ Eglise copte adhère aussi au monophysisme. En raison de la disparition de documents anciens on ne sait rien de l’ histoire de la constitution du rit éthiopien. 

Deux thèses s’affrontent sur la fondation de l’ église et du rit maronite. Les maronites eux mêmes la font remonter à un ascète Saint Maron ( environ 350-433 ) , l’ église maronite aurait accepté les décisions du concile de Chalcédoine mais se serait opposée à la volonté hégémonique byzantine. D’autres situent sa fondation au VII ème siècle. Sa scission avec le patriarcat d’Antioche serait due à son appui au monothélisme une hérésie qui reconnaît dans Jésus-Christ deux natures humaine et divine mais une seule volonté divine.

Les églises fidèles au concile de Chalcédoine se considèrent comme représentantes de  « l’ orthodoxie chrétienne ». Elles adoptèrent les décisions du patriarcat de Constantinople et les pratiques des églises byzantines en particulier la liturgie qui constitue le rite byzantin. Cette adhésion les fit appeler les églises melchites ( vient du syriaque melech « roi » ). On retrouve dans ce groupe les églises de Chypre, de Géorgie, l’ archevêché du Sinaï, l’ église russe ainsi que les églises restées fidèles aux différents patriarcats.

Sources :

  • Nouvelle Histoire de l'Eglise - Des origines à Grégoire le Grand Par Jean Daniélou et Henri Marrou

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