On peut mieux comprendre la foi des catholiques en la résurrection si on la replace dans l’histoire de cette espérance chez les juifs. Le catholicisme est, en effet, né au cœur du judaïsme.

Dans l’histoire du judaïsme, l’idée de la résurrection a d’abord été développée au sujet du peuple juif lui-même au moment des crises qu’il a traversées.
Le prophète Osée vivait au VIII ème siècle avant Jésus-Christ dans le royaume du Nord rongé par la corruption juste avant sa chute provoquée par les Assyriens. Il écrit « Venez, retournons vers Yahvé. Il a déchiré, il nous guérira ; il a frappé, il pansera nos plaies ; après deux jours il nous fera revivre, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence » ( Osée 6,1-2 TOB ). L’intervention de Dieu est évidente pour le prophète parce que l’alliance entre Dieu et le peuple juif est conçue comme un engagement réciproque : « je suis le SEIGNEUR, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations – s’ils me haïssent – mais prouvant sa fidélité à des milliers de générations – si elles m’aiment et gardent mes commandements. ». ( Ex 20,5-6 ). Ainsi selon Osée , le même Dieu qui a frappé son peuple ne peut que le sauver si ce peuple revient vers lui.
Le prophète Ezéchiel vivait au VI ème siècle avant Jésus-Christ dans le royaume du Sud , il a connu la chute de Jérusalem en 587 et a été déporté à Babylone. De façon encore plus explicite que le prophète Osée il décrit la résurrection du peuple juif « Je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez ; je vous établirai sur votre sol ; alors vous connaîtrez que c’est moi le SEIGNEUR qui parle et qui accomplis » ( Ez 37,14 ). Dans la suite du texte, il décrit même la réunion des royaumes du nord et du sud et l’unité retrouvée du peuple de dieu.
Dans ces deux cas, la résurrection n’est qu’une image pour dire l’espoir des prophètes de voir à nouveau le peuple juif retrouver son unité, sa terre et son avenir comme peuple élu.
Mais, face à l’exil et à la création de la diaspora, les individus passent de la conscience de participer au destin commun d’un peuple à une conscience individuelle et à une responsabilité individuelle. Chaque individu se considère maître de sa relation avec Dieu et attend une rétribution personnelle de ses actes. La réciprocité de l’alliance s’exerce au niveau de l’individu lui même par un Dieu qui montre sa fidélité à chaque homme. .
Cette foi apparaît déjà chez Ezéchiel en opposition avec les convictions de responsabilité collective de l’époque « Celui qui pèche, c’est lui qui mourra ; le fils ne portera pas la faute du père ni le père la faute du fils ». ( Ez 18,20 ). On la retrouve vers le II ème siècle avant Jésus-Christ tout particulièrement dans le contexte de la persécution des juifs par Antiochus IV Epiphane le roi de perse. Ce roi qui veut supprimer le particularisme juif, leur fait subir massacres, prohibition des pratiques religieuses, profanation et pillage du temple. Cette répression déclenchera la révolte dite des « Maccabées » en 167.
Ecrit vraisemblablement à cette époque, Le livre de Daniel affirme que Dieu ne peut pas abandonner les justes qui sont morts pour leur foi et que sa puissance triomphera de la mort. « Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. » ( Dn 12,2-3 ). Il s’agit là d’une résurrection collective qui se produit à la fin des temps. Elle ne fait pas de distinction entre les hommes, c’est le jugement dernier qui déterminera qui sont les justes. Dans le deuxième livre des Maccabées l’auteur raconte le martyre de sept frères. Avant de mourir le deuxième frère dit « le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle. » ( 2M 7,9 ). Contrairement au livre de Daniel, le livre des Maccabées limite la résurrection aux seuls justes. |