Elle est célébrée comme fête de l’immaculée conception au XII ème siècle à Lyon ce qui provoque l’opposition de Bernard de Clairvaux : « Concluons: si Marie n'a pu être sanctifiée avant d'être conçue, puisqu'elle n'existait pas encore, il n'est pas moins certain qu'elle ne l'a pas été plus au moment même de sa conception, puisque la conception est inséparable du péché; d'où il suit qu'elle n'a pu être sanctifiée » Lettre CLXXIV. aux chanoines de Lyon, sur la conception de la Sainte Vierge Paragraphe 7 .
Au XIII ème siècle, dans sa Somme Théologique, Saint Thomas d’Aquin exprime lui aussi son opposition :
« 3. Bien que l'Église romaine ne célèbre pas la fête de la Conception de la Vierge, elle tolère la coutume de certaines Églises qui la célèbrent. Mais, du fait qu'on célèbre la fête de la Conception, il ne faut pas penser que la Bienheureuse Vierge a été sainte dans sa conception. Toutefois, parce que l'on ignore à quel moment elle a été sanctifiée, on célèbre, le jour même de sa conception, la fête de sa sanctification.
4. Il y a deux sortes de sanctification. L'une concerne la nature tout entière, qui sera délivrée de toute corruption de péché et de peine. Cette sanctification se fera à la résurrection. L'autre est la sanctification personnelle. Elle ne se transmet pas au fruit engendré charnellement, car elle regarde non la chair, mais l'esprit. Donc, si les parents de la Bienheureuse Vierge ont été purifiés du péché originel, la Bienheureuse Vierge l'a néanmoins contracté, puisqu'elle a été conçue selon la convoitise de la chair et par le commerce de l'homme et de la femme, " Tout ce qui naît de ce commerce, écrit S. Augustin est chair de péché. »
Ces deux théologiens ne contestent pas la sainteté particulière de la vierge Marie mais refusent de la faire remonter jusqu’à sa conception parce que, pour eux, l’union charnelle qui a produit cette conception est forcément associée au péché. La doctrine de l’immaculée conception donne lieu à une querelle entre les Franciscains, les Carmes, les Augustins et la Sorbonne qui la soutiennent et les dominicains qui s’y opposent mais sa célébration se généralise.
Le pape Sixte IV (1471-1484) adopte officiellement la célébration de la fête de l’Immaculée Conception pour l’Eglise de Rome.
Le pape Clément XI (1700-1721) en fait une fête de précepte pour l'Eglise universelle.
Malgré le soutien des papes, les théologiens continuent à être divisés sur cette doctrine et c’est la proclamation du dogme de 1854 qui obligera à se taire cette querelle qui aura duré plusieurs siècles.
Sources :
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